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// 12.2012 Osselets


On pense à des petits os épars, quatre, cinq, tout au plus pour un jeu, des restes de restes, des fragments solides, pérennes. On les voit à même le sol. Se laissant parier sur le hasard ou le destin. Cela déconcentre. On se dit que cela parle d'absence. De l'essentiel. Comment était cet animal avant ? On n'imagine pas qu'ils puissent provenir d'un humain... Que manque t-il au juste ? Un os est une maison, une mémoire, un indice. Sous nos yeux. Ensuite ? Des articulations, une zone entre, qui relie les éléments, qui démultiplie les forces, donne l'élan des perspectives... Des images, mais pas de prédictions. Néant. Dans leurs recoins, elles couturent parfois, par erreur peut-être, des racines desséchées. Vers où les images tendent-elles le plus souvent ? Certaines semblent charnières. Faut-il ne garder qu'elles ? ... Se sentir à la charnière de. Au moment de transition. Je pense à ma grand-mère, qui depuis peu m'embrasse comme si c'était la dernière fois. Pas de mots. À mon enfant, à l'ignorance de tout son trajet de vie. Un infini sublime s'ouvre. La fascination de la vie pour une autre vie. Autant que parfois, l'esprit devient une enclume. Oppressante. Inaudible. Ces moments-là, je prie pour ne pas croiser le regard d'un animal.


Lu : L'homme fait l'expérience de la pensée au moyen de la connaissance intérieure, de la sensation intérieure de son squelette. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, ce n'est pas avec son cerveau, mais en réalité avec son squelette que l'on pense, quand la pensée suit des lignes rigoureuses.

Cette idée de penser avec son squelette, ou encore au caractère séculier de l'os, que ronger un os est un signe de pauvreté, d'indigence...me travaille.

Une vieille femme ramasse des os.
Une image incroyable. L'aimerais-je plus si elle était visible ? Au tard venu, l'os de la mémoire... La photographie serait une façon de ne pas perdre pieds ?



Certaines images poétiques éclatent d'une telle force en moi, avec tant de fulgurances. C'est toujours une bouffée d'air en plus. Parfois, c'est étrange, je me vois prendre une bouffée de cigarette d'un côté, et une bouffée de vie d'un autre. Comme un menhir fendu en deux.
Je pense au menhir.
J'ai vu aujour'hui les menhirs flottants de Tacita Dean. Ils m'ont certainement emmené avec eux.





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// 12.2012


"Il fait bel et bien meilleur de rapetir pour mieux vieillir. Ma tête ne s'accroche plus dans les branches du noyer", me dit la voisine.

Une chaise qui vole, une chaise qui fend l'air, une chaise tenue par rien, tenue de rien... Une chaise coupée de tout. Un nu de chaise.

Entendu devant les images : "Ton enfant ! On dirait qu'elle est battue !"
Oui. Une fatigue me prend.
... Ou était-ce moi dans mes moments d'abattements ?

C'est l'hiver. La sciure s'amasse autant que les poussières d'os. Et c'est la beauté qui mord le paysage.

Peut-on chercher sa maison à l'intérieur de ses os ?

Pourquoi mettre les mains dans le dos lorsqu'on marche ? Pourquoi particulièrement les personnes âgées ?

Vu un flash à la télé, une scène du film l'Antéchrist. Un homme effraie une biche en train de véler. La biche court, le faon sortant est extrait par le mouvement. Filmé au ralenti. Pas de chute.




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// Automne - Hiver
Les arbres se dénudent et ... le site aussi !
On épure, on repense, on doute, et on se lance. Ce nouvel espace sera habité autrement. Des petites notes creuses ou à creuser, fines ou denses. Des images qui me poursuivent... plus de pagaille, plus de silences... Moi qui poursuit des images... Petit manège dans un sens puis dans l'autre qui s'agitera parfois sous votre fenêtre.
Et comme le printemps, on en espère des bourgeons...


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